‘Mais enfin toi qui a
beaucoup voyagé, connais tu un pays plus beau que celui-ci ?’
Paul Arène
Sisteron se trouve
au confluent du Bluech et de la Durance. Le village et sa citadelle sont
dominés par le rocher de la Baume fait de roches plissées. Ce dernier tout
comme le Ventoux et la montagne de Lure serait de l’ère secondaire. Ce
village est un accès entre la Provence et le Dauphiné. D’ailleurs des
portes portant les noms de ces deux provinces, se trouvaient l’une au sud
et l’autre au nord.
Sisteron
est la patrie de Paul Arène qui y naquit le 26 juin 1843. Il partagera sa
vie entre Paris et son bastidon de la Cigalière aux Oulettes qui se situe
sur le plateau du Thor. Quittant la capitale il réside dans sa demeure
provençale et à Antibes ou il décède le 17 décembre 1896. D’autres
écrivains chanterons ce charmant bourg comme Frédéric Mistral ou encore
Francis James qui y évoque sa mère : « Ceci est le pays pauvre et beau
de ma mère où la terre calleuse offre l’olive amère. ». Jean Baptiste
d’Ornano maréchal de France vit le jour au 2 rue
Mercerie en 1581. Sisteron étant sur sa route, Napoléon y déjeuna le 5
mars 1815, là où était l’hôtellerie du Bras d’or, 64 rue Saunerie.
Le village a un
autre symbole important : l’horloge du donjon , dite entière, car son
cadran marquait 24 heures. Elle date de 1402. Quinze ans plus tard on
revient à un cadran de douze heures. Il y aura quatre horloges successives
jusqu’à 1891. En 1892 on surmonte cette dernière d’un clocher métallique
dit campanile, très caractéristique à la Provence, trop souvent caressée
par le Mistral. Sa voûte, dite ‘portail de la cour’ était l’entrée de la
cour d’un palais, aujourd’hui disparu.
Nous
sommes en Provence et la vie spirituelle y est très présente. La
cathédrale Notre Dame et saint Thyrse, dites aussi des Pommiers, ne
surtout pas confondre avec l’arbre. Le terme vient
du latin pomerius ou lieu inconstructible en français qui a donné le mot
lice. Cette église aux lignes ramassées date du XII°
siècle, elle est un ouvrage majeur de l’art roman provençal avec un
clocher d’inspiration lombarde. C’est Pierre de Sabran qui la fit édifier
pour entreposer des reliques de la sainte croix et de saint Thyrse patron
de la paroisse. Mérimée la classa en 1840 monument historique. On trouve
aussi saint Marcel de la Baume et la chapelle saint Domnin un soldat
romain martyrisé au III° siècle. Ces édifices dates des XII° XIII° siècles
et Notre Dame du château située dans la citadelle, plus récente puisque du
XV° et de facture gothique. Deux autres édifices religieux : le couvent
des dominicains de 1248 sert aujourd’hui de salle de concert et la
chapelle des Visitandines de 1631 qui servait d’école pour les jeunes
filles pauvres est aujourd’hui un musée.
On
terminera par la citadelle. Sisteron est la porte de la Provence, la
monarchie n’a pas encore unifié le royaume et le Dauphiné est un agresseur
potentiel en ce XIII° siècle. Trois siècle plus
tard en 1516, François I° visite cette forteresse. Richelieu enfermera
dans son donjon, Casimir Vasa qui avait comploté avec l’Espagne. Le Duc de
Savoie ayant envahit la Provence dont Sisteron, Vauban en améliorera les
défenses. En 1815, la route aurait pu être barrée à Napoléon, mais
manquant de poudre, les vingt canons restèrent silencieux.
On quitte ce village
aux venelles pleines de secrets, baigné par la Durance qui le traverse
indifférente à ses beautés et poursuit de ses eaux couleur d’émeraude sa
course à travers les champs d’oliviers et de lavandes. Tendez l’oreille en
été et écoutez les cigales vous conter la Provence.
Thierry JAN
PROMENADE A SAN REMO
( ITALIE REGION D' IMPERIA )
San Remo
A l’origine la cité se nommait
Matuzia, en hommage à la déesse de la mer et de l’aurore Matuta. San Remo
est nichée au fond d’une baie que défendent les capo Néro et capo Verde.
La
cité du moyen âge
Le bourg médiéval de
Pigna, est riche, comme souvent en Italie,
d’églises et de chapelles. Nous citerons : la madone della Costa, la
cathédrale san Siro qui a ses origines au XIII°
siècle, l’église saint Joseph, l’église sainte Brigitte avec son
magnifique clocher, la tour de la chapelle des anges. Pigna fut convertie
au catholicisme vers le IX° siècle par les saints Orsida et Romolo. Des
toiles de maîtres et des statues en marbres, ornent ces différentes
églises et chapelles. A san Siro on admirera un crucifix en bois exécuté
par le sculpteur Génois Giulo Maragliano.
La Pigna, c’est aussi,
ses maisons antiques, ruelles, passages couverts et des petites places
reposantes dont certaines sont agrémentées d’une fontaine. On accède à ce
quartier médiéval en franchissant la porte san Stéfano de 1321, vestige
des fortifications. Des demeures seigneuriales,
comme le palazzo Manara qui hébergea le pape Paul III en 1538, un autre,
le palazzo des Comtes Sappia Rossi, abrita Bonaparte en 1794. La ville fut
sous l’autorité d’Albenga, puis sous celle des Vintimille. A la fin du
XIII° siècle elle est sous la souveraineté Génoise. Après 1814, la
Ligurie, contre sa volonté se retrouve sous l’autorité de la maison de
Savoie. Ce qui aura pour le Comté de Nice des conséquences importantes
avec deux ports majeurs ( Gènes et Savone) qui concurrencent Nice et
Villefranche.
La
ville moderne
San Remo est lancée en
1905 avec les Russes qui édifieront sur le corso l’église du christ
rédempteur et les Anglais qui eux aussi construiront une église. Cette
dernière est consacrée au culte catholique aujourd’hui. La ville sera la
quatrième d’Italie a avoir un casino. A la fin du XIX°, Alfred Nobel
séjourna dans une villa de style mauresque. Elle porte son nom et est
aujourd’hui le musée des découvertes et innovations.
Dans la cité moderne,
on admirera les nombreuses villas avec leurs jardins. La villa Ornano est
surtout connue pour son jardin aux nombreuses essences exotiques. Elle fut
la propriété d’une famille Suisse, acquise par la ville en 1928, elle sert
aujourd’hui pour les mostra et les remises de prix. San Remo possède un
hippodrome et un terrain de golf. Elle a toujours été une ville et une
station hivernale de luxe.
Le musée municipal
C’est le palais Borea
d’Olmo qui sert d’écrin à ce musée. Ce bâtiment baroque renferme les
richesses archéologiques de la région Ligure. C’est aussi une pinacothèque
très richement dotée de toiles de maîtres classiques et modernes. Ce musée
évoque également l’histoire locale avec le développement de san Remo.
L’art baroque s’expose ici avec profusion dans la salle du pape où Pie VII
séjourna. On ne manquera pas la façade de ce musée situé corso Matteotti.
Une
cité vivante et animée
San Remo est avec son
théâtre Ariston, la capitale de la chanson italienne. La course cycliste
Milan San Remo avec le célèbre Poggio est l’autre grand rendez vous de la
capitale de la rivièra dei fiori. Tout au long de l’année des rencontres
littéraires et artistiques y sont organisées. Le rallye automobile, ainsi
que les régates, drainent le public qui à l’occasion se bouscule sur les
cours de la capitale de la fleur.
Riviera dei fiori ?
Dés que l’on franchit
en voiture la frontière, on comprend très facilement cette dénomination.
Les collines vallonnées sont couvertes par des
serres et à mesure que l’on se rapproche de san Remo, le nom se trouve de
plus en plus justifié. La cité est la capitale de la rose et de l’œillet.
Contrairement à la côte d’azur, cette activité n’a pas été sacrifiée au
béton et aux promoteurs.
Thierry JAN
La route du bord de mer pour arriver à SAN REMO
HERBORISER AU FORT DE
BALAGUIER
DANS LA RADE DE TOULON
Chronique de Thierry JAN
Herboriser au Balaguier
Le
fort de Balaguier fut construit en 1636, sur ordre de Richelieu, afin de
protéger la rade de Toulon. Vauban achèvera quarante ans plus tard ce qui,
à l’origine n’était qu’une tour. Il perdra sa vocation
militaire en
1882. Après sa restauration, il a été inscrit à l’inventaire des monuments
historiques.
Tamaris et
Georges SAND
Georges Sand vécue à
Tamaris, de février à mai 1861. C’est là qu’elle prendra des notes pour
son roman éponyme qui paraitra un an plus tard. Elle évoquait cette rade :
« Tout cela est d’un pittoresque, d’un déchiré, d’un doux, d’un
brusque, d’un suave, d’un vaste et d’un contrasté. On dit que c’est plus
beau que le fameux Bosphore et je le crois, car je n’avais jamais rien
rêvé de pareil. » Cette villa est hélas aujourd’hui disparue. Une
stèle évoque l’écrivain à l’entrée du fort.
Un jardin botanique
Le
jardin du fort de Balaguier, animé par un superbe paon, évoque l’odyssée
des plantes qui, entre les XVIII° et XIX° siècles, arrivèrent, rapportées
par les navigateurs et les explorateurs, des terres lointaines
découvertes. Ce jardin est à mi chemin entre l’influence romantique et le
trompe l’œil. Des rocailles recréées des roches, des grottes, des
fontaines ou des statues fabuleuses. Tout est ici illusoire et pourtant
semble réel.
François Martin
Il est le créateur du
jardin de Tamaris et va correspondre durant cinquante ans de 1766 à 1816
avec le directeur du jardin des plantes de Paris. Son élève Robert, le
remplaça et planta ce cyprès chauve que l’on trouve encore aujourd’hui à
l’hôpital Chalucet. Cette riche correspondance, entre André Thouin,
directeur du jardin des plantes et François Martin, nous est montrée avec
dessins et gravures et ce pour la première fois.
Un « herbier exceptionnel »
La
visite se fractionne en plusieurs parties. Nous découvrons le jardin
d’agrément avec fleurs et plantes grasses, puis c’est un verger luxuriant
qui nous invite, aiguisant l’appétit, on devient apothicaire avec les
plantes médicinales. On apprend que les moines cultivaient la
pharmacopée dans le massif de Six Fours dès le moyen âge.
La table d’orientation
Depuis ce panorama,
on a une vue qui porte au levant jusqu’à Carqueiranne et aux Iles d’Or.
Elles apparaissent dans le lointain, déchirant l’horizon d’une mer étale,
où tracent leurs traits les voiliers aux voiles
enflées par un vent léger. Saint Mandrier et ses petites maisons de
pêcheurs aux couleurs ocres, est la toile d’un peintre expressionniste qui
brille dans le soleil et se reflète en dansant dans l’onde bleuâtre de la
rade. Toulon s’étire quant à elle avec paresse au pied du Faron et goûte
l’heure méridienne dans cette douce tiédeur de juin. On reste ici fasciné
par tant de beauté, appuyé sur l’affût d’un vieux canon rouillé qui jadis
veillait jalousement sur la rade.
Le bagne
C’est
la page sombre et noire de ce fort. De 1748 à 1852, pendant plus d’un
siècle, après que les galères quittèrent Marseille pour Toulon, le fort
servira de bagne. Il y aura même un bagne flottant.
Un musée entièrement consacré aux forçats, nous dévoile leur vie, leurs
conditions d’existence et leur travail. On apprend ce que signifiait la
chiourme, la chaîne, le fricassier. On prend conscience de l’existence
effroyable de ces hommes qui, même les pires criminels, étaient néanmoins
des êtres humains. Certains même se révélèrent des artistes dont les
œuvres sont exposées : bijoux, outils, croix ou statuette.
Thierry JAN
La Rade militaire de la Ville de TOULON
LA RUBRIQUE DE THIERRY JAN
1) VOYAGE A AIX-EN-PROVENCE
Nous quittons Marseille, laissant la bonne mère et les îles du Frioul
caressées en ce jour par le Mistral.. Après les quartiers nord, nous nous
retrouvons dans une campagne garrigueuse, traversant des villages aux
parfums de Provence. C’est tout d’abord Septème et ses maisons basses, sa
place ombragée de platanes, encore déserte. Déjà on aperçoit la sainte
Victoire qui déchire la ligne monotone de l’horizon. Nous arrivons à
Gardanne où les mines ont teint en rouge l’ensemble de la ville, tout est
recouvert de cette fine pellicule, poussière de la roche extraite. On peut
y voir un château, un de plus du roi René. Un peu plus loin, bordant la
route, on y verra une curieuse maison, dont la façade, les volets, les
fenêtres et la porte, sont couverts de peluches et de poupées : « C’est le
mas aux mille poupées, il est habité par un jobastre ! » nous explique un
petit vieux, casquette enfoncée sur les yeux.
Le
voyage a duré un peu moins d’une heure. On arrive à Aix et Cours Mirabeau,
comme tous les dimanches, il y a les antiquaires, brocanteurs,
bouquinistes, qui de chaque côtés, sous les arbres, proposent leurs
curiosités à une clientèle avertie. Cette rue principale de la cité est
bordée d’hôtels particuliers aux façades ocres ou blanches. De nombreuses
fontaines nous rappellerons qu’Aix est une ville thermale avec entre
autres : les Neuf Canons, l’Eau Chaude, les Quatre Dauphins et bien
entendu les Trois Grâces. Elles agrémentent et rafraîchissent notre
promenade. Le roi René est ici omniprésent, il a
d’ailleurs sa fontaine.
C’est
à l’époque romaine qu’elle devint une ville d’eau. Le tribunal de commerce
avec ses allégories, plusieurs bâtiments ont des porches majestueux et
allégoriques, comme : l’hôtel des postes qui fut la halle aux grains qu’on
transforma en 1822. Ce dernier a du côté de la
place de l’hôtel de ville, l’allégorie de la rencontre du Rhône et de la
Durance. On quitte l’Aix bourgeoise par le passage Agnard, entrée de la
vieille ville. Ce fut l’ancien couvent des Carmes
de 1359 et c’est Félicien Agnard qui le
transformera entre 1846 et 1849. C’est une sorte de galerie pleine de
boutiques.
Le
palais de justice fait face à l’église de la Madeleine ou des Dominicains
du XVII° siècle, nous sommes ; référence aux disciples de Saint Dominique
; place des Prêcheurs. L’édification du tribunal fut achevée en 1832 à
l’emplacement du palais des Comtes de Provence. L’église de La Madeleine
renferme des huiles du XV° dont un rétablie de
1444, Cézanne, un enfant du pays, y sera baptisé en 1839. La place de la
fontaine des trois ormeaux date du XV°. Un Aixois y fut pendu en 1524 pour
avoir résisté aux soldats de Charles Quint. Dans la rue des épineux, vous
contemplerez une remarquable porte cochère ciselée. L’hôtel de ville et sa
tour de l’horloge est du XVIII°. Son beffroi a les quatre saisons en
allégorie, elles apparaissent à tour de rôle. Le musée du vieil Aix, se
trouve Hôtel d’Estienne de saint Jean. C’est le
passé de la cité, une collection de santons et un voyage dans le temps.
La
cathédrale Gothique saint Sauveur est de plusieurs factures : son cloître
est Roman XII°, sa nef et sa façade sont Gothiques XIV° XV° et ses
chapelles Baroques XVII°. On peut y voir le triptyque du buisson ardent de
Nicolas Froment 1476 et le roi René et la reine Jeanne en prière. Le
cloître symbolise les deux testaments avec à ses angles, les quatre
évangélistes. C’était celui des chanoines séculiers de l’archevêché.
Aujourd’hui le palais épiscopal est le musée de la tapisserie. Le 19 mai
1802, Bonaparte y créera avec Bernadotte chef de la VIII° cohorte, l’ordre
de la légion d’honneur. C’est en haut de la rue Jacques de la Floques que
subsistent les vestiges des remparts médiévaux. Quand hélas, il nous faut
quitter Aix, les trois Grâces nous sourient, nous invitant à revenir. 25
juillet 2010.
Thierry JAN
2 ) LA BRIGUE ET SES TRESORS DE LA ROYA
Ce
village de la vallée de la Roya est à 750 mètres d’altitude, il se situe
sur la Levenza, affluent de la verte rivière. Ayant quitté ce train dont
il faudra parler, après une cinquantaine de mètres, on franchit le pont
Henri Dunant et l’on se retrouve sur la place Pachiaudi. La collégiale
saint Martin est entourée de deux chapelles, sur sa droite on trouve la
confraternité de l’Assunta ou des pénitents blancs et sur sa gauche,
l’annonciade, hélas décrépie. La collégiale baroque
de 1476 renferme de nombreux retables. La famille Lantéri y avait deux
autels et ces derniers sont ornés d’une crucifixion de 1510 et d’une
sainte Marthe de 1530. Les âmes sensibles éviteront l’autel de saint Elme
ou Erasme. Le retable en effet représente le martyr du saint et l’on voit
deux bourreaux lui enrouler les intestins sur un treuil. Bréa a composé à
la Brigue un autel de la nativité.
La
mère de Jésus a dans cette collégiale plusieurs autels : On admirera
surtout l’œuvre de Bastien Fuseri de 1507 représentant notre Dame des
neiges. Il y a aussi une madone des sept douleurs et une mater dolorosa. Le
maître autel est très riche de dorures et de chandeliers d’or. Place de
Nice, on trouvera derrière la chapelle octogonale, la maison de la
comtesse Alberti qui y réside encore aujourd’hui, ses armoiries sont au
fronton. A l’office du tourisme on peut visiter la maison du patrimoine
qui relate la vie d’antan et les métiers de ce petit village de la Roya.
Le
château en ruine des Lascaris dont seule la tour est à peu près intacte,
une fontaine datant de 1741, la curieuse maison des abeilles surmontée par
un ancien fortin italien. La Brigue n’est française que depuis 1947. La
Brigue c’est aussi ses nombreux oratoires et surtout les linteaux de
porte. Les rues Antoine Garella et Barucchi sont curieuses, entièrement
couvertes, elles ne reçoivent le jour que par des arcades. On entrera dans
la chapelle saint Joseph, restaurée et décorée de frises. Elle se situe à
l’entrée du cimetière, mais n’est-il pas le patron de la bonne mort ? La
Brigue est un village très riche en passé et en étant bon observateur,
vous pourrez lire un avis en italien, interdisant de faire du bruit . La
Brigue c’est aussi Notre Dame des Fontaines et il y
a deux chemins pour y accéder.
Le
premier suit la route, bien sécurisé, il ne présente aucune difficulté. On
longe des champs cultivés et sans effort on arrive au pont du coq, pont
très curieux et à l’utilité discuté. Il serait un vestige de la route du
sel pour certains et pour d’autres n’auraient que son originalité. On
poursuit, croisant des motos qui vont en Italie par le col Sanson, puis le
four à chaux se dresse devant nous. On continu et laissant le charmant
hameau de Morignole sur notre gauche on emprunte la route de droite qui
nous mène à cette chapelle aux fresques qui ont inspirées l’imagination et
inspirées des thèses aux théologiens. Notre Dame des Fontaines porte bien
son nom, même en plein été, on entend le chant cristallin d’un torrent qui
rejoint la Levenza ou serait cette rivière qui se mélange plus bas avec la
Roya. Un peu plus loin que cette chapelle le sentier se termine en un rond
point. Un petit ruisseau à sec qui conserve quelques mares est la nursery
des têtards et l’on peut voir ces petits êtres, sortes de filaments noirs
danser leur bal, celui de la vie qui s’initie. C’est un lieu de repos et
de méditation. On se retrouve seul face à l’immensité de la nature. Un
sous bois, le vol d’un aigle, tout est là pour nous donner la vraie
dimension de la vie et de son essentiel.
Le
second est plus sportif et il est plus accessible pour le retour sur La
Brigue. On pourrait croire que l’on va longer le petit torrent ; Non point
et un peu chagrin, on commence l’ascension d’un petit sentier qui bien
vite nous élève au dessus du lit de ce torrent. Le silence est alors
maître, rien ne le perturbe et dans un sous bois bien ombragé on poursuit
notre monté de ce qui est en fait un col. Il faut ici marcher avec
précaution, faire attention de ne faire aucun bruit et surtout d’écouter
les frissonnement de la nature. Quel bonheur de découvrir à vingt mètres
devant moi un chamois. C’est le paradis retrouvé et ce pivert qui
s’applique à percer son tronc d’arbre ne viendra pas contredire mes
propos. On retrouve le four à chaud et déjà ce
n’est plus pareil, il manque cette virginité de la nature avec des villas
éparses de ci de là. On revient ressourcé au village. Ce sentier demande
le double de temps à la route, on le parcours en un peu moins d’une heure
et demi. Il a un avantage ludique, des panneaux vous expliquent la faune
et la flore de cette vallée qui est restée vraie.
La
Roya est partagée entre deux nations sœurs. La politique les a
douloureusement séparée au cours du XX° siècle et riche en histoire, elle
n’a pas cédée aux sirènes artificielles du tourisme. On peut aller à
Fontan, à La Brigue ou à Tende, il y a les mêmes racines, la même histoire
et on a plaisir à y être et quand c’est la fête, alors c’est sublime. Vous
serez toujours accueillit en ami dans ces villages et les vieux assis sur
leur banc favori, l’œil malicieux ne refuseront jamais de vous conter leur
histoire, celle dont nul livre ne parle qui
pourtant sera toujours la plus belle.
Thierry JAN
3 ) SAINT JEANNET ET SON
BAOU
Quand
les légions romaines de l’empereur Auguste arrivent sur les lieux une
dizaine d’années avant Jésus Christ, ce sont des tribus Ligures qui
occupent l’endroit. La « pax romana » va profiter à toute la région de
Saint Jeannet. La voie Julia qui mène en Provence, passe tout près, vers
l’actuel château de la Gaude. Son tracé se poursuit vers
Vence.
Durant cinq
siècles, jusqu’à l’écroulement de l’empire Romain, toutes les régions
de celui-ci, dont Saint Jeannet, vont jouir du développement et de la
prospérité. La chute de Rome, amène une période de troubles et
d’instabilités .Les incursions sarrasines dévastent toute la bande
côtière. Elles touchent le moyen pays et ruinent le
commerce. Ce n’est qu’après l’an mille que l’on retrouve une relative
stabilité avec le système féodal et les Comtes de Provence.
Au XIII° siècle quelques familles se regroupent à
l’emplacement de l’actuel cimetière. Elle prénomme ce lieu : « Castrum de
sancti Johannis » Le village est né, il se trouve
sur la frontière du Var, entre la Provence et le Comté. Après l’aliénation
des terres de la rive gauche du fleuve aux Comtes de Savoie en 1388, Saint
Jeannet est en première ligne. On décide de le fortifier et
de l’entourer de remparts. On peut aujourd’hui y observer deux portes
celles : de la Poudrière et de : Sur le Four. Le
village sera victime de plusieurs mises à sac des Savoie. Malgré ce péril
constant de l’invasion, Saint Jeannet est prospère. Au milieu du XIX°
siècle, le village connaît un nouvel essor avec l’agriculture. Ce sont la
vigne et les olives qui feront sa réputation. On cite
son vin au parfum et saveurs délicates, il concurrence le Bellet des
collines niçoises qui lui font face. Saint Jeannet aura jusqu’à 20 000
oliviers. Ces derniers inspireront le peintre Nicolas Poussin. Le lavoir
rappelle au visiteur que c’est en 1876 que l’eau courante est arrivée ici. Elle
remplacera avantageusement les anciennes citernes où l’on recueillait
l’eau de pluie. Comme
toute les campagnes, avec le XX° siècle, l’exode rural va dramatiquement
amputer l’activité de Saint Jeannet. Le premier conflit mondial ne fera
qu’aggraver cette situation avec la saignée opérée dans les populations
rurales.
On remarque surtout
dans le vieux village, les ruelles pentues ou calades des XVI° et XVIII°
siècles. Ces dernières empierrées, ne manqueront
pas de nous remémorer le pavage des voies romaines. La tour Sarrasine est
le dernier vestige de l’ancien château. A la recherche des vestiges et des
secrets de ce village, nous nous perdons volontairement dans le labyrinthe
de ses venelles étroites. C’est ainsi que l’on va découvrir successivement
: place de l’église une maison qui a appartenue de
1597 à 1779 à la famille de Rosalinde Rancher, qui fut un poète du
félibrige. Tout à côté l’on trouve la chapelle
saint Bernardin de 1645 et l’église dédiée à saint Jean Baptiste de 1666.
A l’intérieur de celle-ci, on remarquera entre autre : son maître autel
orné de 14 angelots, le crucifix du curé d’Ars qui fut offert à la
paroisse par monseigneur Daumas et une statue de saint Jean Baptiste ,
œuvre du génois A de Lorensy , réalisée en 1780. Quittant ce lieu de
spiritualité, on se dirige vers les rues de la Ferrage, des Jardins où
l’on trouve encore des traces des anciens remparts. Dans la ruelle sur le
Four, on appréciera le passage sous voûte. Sur la terrasse d’une maison
qui domine un précipice, on peut bénéficier d’un panorama qui embrasse la
côte entre le cap Ferrat et le rocher de Théoule, hélas , le jour de notre
visite, embrumé. Le Var, traînée bleuâtre, dessine
son trait, les collines du Comté se dressent avec elles aussi, leur
vignobles, leurs serres et leurs habitations. Les villas et les
lotissements sont autant d’îlots qui émergent dans cette campagne
vallonnée où la végétation est hélas une peau de chagrin.
Quittant
cet observatoire, on se retrouve rue de la croix. Là une
vigne vierge jaillit de la façade et érige ses ramures, dispensant son
ombre à une tonnelle en balcon. L’histoire du central téléphonique sera
rappelée avec l’enseigne du boucher épicier et son numéro de téléphone :
le 20 ! On a dépassé la chapelle sainte Pétronille et l’on se retrouve sur
le début du sentier des randonneurs et des varappeurs. Derrière
la chapelle du XV° siècle dédiée à N D du Baou, le
jardin Jeanne Aldi est un hommage à ceux qui
périrent sur les voies de cette montagne. On quitte ces lieux où flotte
une espèce d’émotion, on ne saurait dire, c’est comme si….Saint Jeannet
nous a ouvert son âme, livré quelques uns de ses secrets, mais notre
présentation de ce village serait incomplète si, on omettait de parler des
artistes qui y vinrent très nombreux, échappant aux
paillettes de saint Paul. Prévert dédiera un poème à ce village et ses
vignerons. Des peintres comme Dufy, Trachel, Mossa franchiront le Var au
gué de la Baronne avant qu’il y ait un pont, séduit par les Baous et le
paysage. D’autres poètes comme Dessaignes, Tristan Tzara, écriront Saint
Jeannet. On ne pourrait tous les citer. Que vous soyez sportifs avec des
cordes ou des piolets, ou d’âme poétique avec des rimes dans le cœur, vous
serez séduit par ce village perché.
Thierry JAN
4 ) BEAUCAIRE ET TARASCON
" DEUX SOEURS DU RHONE "
TARASCON SUR
RHÔNE
Quand
on arrive dans ce petit village assoupi par la tiédeur de l’été, là sur le
cours Aristide Briand, on appréciera les contres allées bordées de
platanes ainsi que les petites maisons basses et
les rues pavées . Tarascon doit son nom à un monstre légendaire qui mi
animal, mi poisson, hantait le cours du Rhône et dévorait indifféremment
les enfants et les troupeaux. C’est sainte Marthe qui le terrassa,
délivrant ainsi les habitants de ce dragon. Le roi René créa le 14 avril
1474 l’ordre des chevaliers de la tarasque et institua la procession du
dernier dimanche de juin. Tarascon est plaisant à visiter, des rues en
arcades, de vieilles bâtisses en pierre et ces odeurs de thyms et
lavandes, qui bercent votre âme et incitent à versifier, stimulant
l’imagination.
Tartarin
en fait, n’avait aucune peine à nous conter ses chasses légendaires ! Nous
arrivons au château du roi René, qui sur le bord du Rhône, s’élève
majestueusement, dominant le paysage et faisait face à celui de Beaucaire
sur l’autre rive . Le roi construisit ce château au début du XV° siècle,
mécène, il organisa des fêtes galantes et poétiques entre 1447 et 1449. Son
château deviendra au XVII° siècle un centre de regroupement pour les
bagnards en route pour Toulon. Ces derniers pour ceux qui savaient écrire,
gravaient leurs noms ou un message, espérant ainsi laisser une trace de
leur passage. Il y en a de très nombreuses , certaines mêmes artistiques
dont celle laissée par un prénommé : Benjamin Vallette et datée du 1 mai
1757. En 1800 le château deviendra une prison et ce jusqu’à 1926. En 1932,
l’Etat le restaura et depuis, il est un monument historique. La collégiale
sainte Marthe est voisine du château. La sainte aurait en l’an 500 guéri
Clovis lors du siège d’Avignon.
C’est d’abord une église
romane qui sera agrandie devant l’afflux des pèlerins entre les XIII° et
XV° siècles. La crypte date de 1197, le sarcophage de la sainte est abrité
dans l’abside et remonte au VI° siècle. Cette église, comme de nombreuses
autres en Provence, a deux époques : le Roman et le Gothique, sainte
Trophime en est l’exemple le plus connu. Le cloître des cordeliers du XVI°
et la chapelle de la persévérance, achèveront notre parcours religieux.
Redevenant plus profanes, nous apprendrons que la rue bordée d’arcades est
parallèle au fleuve et qu’elle reliait les anciennes portes Jarnègues et
de la reine. Il faut ici bien regarder les façades dont certaines ont des
gargouilles.
BEAUCAIRE
La
cité est au centre d’un triangle formé par Nîmes, Avignon et Arles. Située
sur la rive droite du Rhône, elle est déjà Languedocienne, bien que l’âme
Provençale y soit fortement présente. La légende du Drac ressemble
à celle de la Tarasque. Tarascon se trouve juste sur l’autre rive. Son
château se mirant dans ce fleuve, les habitants de Beaucaire firent
naturellement un pendant à cette légende. Le Drac est aussi un animal
fantastique, lui, se transforme en homme et kidnappe les jeunes filles.
C’est Gervais de Tilbury qui en écrivit l’histoire en 1214. La
ville est très ancienne, on y trouve des traces d’activité humaine près de
vingt siècles avant Jésus Christ. Sous les Romains Ugurnum se trouve sur
la voie Domitienne entre l’Italie et l’Espagne. Après la prise de Rome, le
nouvel empereur y est élu en 452. Sous les
Carolingiens le territoire appartient au Comte d’Arles. En 1225 Beaucaire
passe au Comte de Toulouse, quatre ans plus tard, le Languedoc passe au
domaine royal. Simon de Montfort, assiégeant la cité, y subira une
cuisante défaite. Beaucaire devient entre temps une sénéchaussée, la cité
sera une des plus puissantes forteresses du midi de la France.
En
1632 Louis XIV, suite à une rébellion, ordonne-le démantèlement de cette
dernière. Des hommes célèbres ont vécu à Beaucaire. On découvre ainsi une
maison qui hébergea successivement : Gounod, Dumas fils et Georges Sand.
Dans cette bâtisse naquit Mireille Roumieux. C’est son parrain Frédéric
Mistral qui lui donna ce prénom, dont elle fut la première en
France à le porter. C’est aussi la ville natale de
Raimond VII Comte de Toulouse qui y vit le jour en 1197. La foire de la
Madeleine fut confirmée par Louis XI en 1464, elle connaît son âge d’or
entre les XVI° et XVII° siècles. C’est la période où sont construits de
très nombreux hôtels particuliers. Ces maisons avec
leurs porches nobles surmontés d’odalisques, d’atlantes ou de cariatides
ont des façades qui intéresseront le visiteur et l’amateur d’art. L’hôtel
de ville construit par l’architecte nîmois Jacques Cubizol entre 1679 et
1683 fut avant la révolution, le centre de la foire. On peut y observer
les anciennes mesures dont l’aune de France ou la canne de Montpellier.
L’église saint Paul est l’ancienne chapelle des Cordeliers, on y trouve
trois tableaux de Jacques Réatu (1760-1835) évoquent saint Paul et sa vie.
La collégiale N D des Pommiers (1734-1744) comporte sur son tympan la
devise de la république, laquelle est héritée de la grande révolution. On
observera sur son flanc droit une frise romane. On remarquera la place du
marché médiéval avec ses arcades. Beaucaire c’est aussi le canal du Rhône
à Sète, lequel rejoint à travers l’étang de Thau, le canal du Midi. C’est
entre 1738 et 1804 que son tracé sera achevé jusqu’à Aigues morte. En
1870 une fabrique d’absinthe Andrieu s’installe sur le bord du canal. Elle
est aujourd’hui les chais beaucairois. Beaucaire
c’est aussi la tauromachie, des arènes y accueillent des courses
camarguaises depuis le XIX° siècle.